88 CrimeEn 1904, il y eut un crime à Domsure. Voici des extraits du « Rappel Républicain » :

 

25 Octobre1904
« Crime ou suicide

Le cadavre du nommé Lachard Joseph, qui habitat Bévey, commune de Beaupont, a été trouvé dimanche dernier, à Domsure, dans le puits d’une ferme en ruine.

Lachard, qui avait disparu de son domicile depuis le 14 octobre, était un célibataire de 49 ans, faible d’esprit, vivant pauvrement d’une modeste rente viagère de 1 Fr. par jour.

Il s’adonnait à la boisson.

Le cadavre qui porte de nombreuses blessures à la tête n’a pas été inhumé.

L’enquête, commencée par la gendarmerie et la justice de paix du canton, se continue par le parquet de Bourg ; on ne peut, quant à présent, dire s’il y a eu crime ou suicide. Il faut, pour cela, attendre les résultats de l’enquête.

Pourtant la rumeur publique et les premières découvertes font présumer qu’il y a eu crime, car sur le cadavre on n’a retrouvé ni argent, ni clef, ni tabatière, ni mouchoir de poche, ni aucun papier, tandis que Lachard avait, le jour de sa disparition, reçu une mensualité de sa rente viagère ; il avait l’habitude de porter toujours sur lui sa tabatière, sa clef et un petit carnet ou portefeuille.

Nous tiendrons nos lecteurs au courant. »

 

27 octobre 1904 (Le Courrier de l’Ain)

« Coligny – Crime ou suicide-

Le cadavre du nommé Lachard Joseph, de Beaupont, disparu depuis le 14 octobre, a été retrouvé le 23, dans un puits abandonné de Domsure. On ignore si on se trouve en présence d’un crime ou d’un suicide. Le parquet s’est rendu aujourd’hui sur les lieux. »

 

28 octobre 1904

« Domsure – Affaire mystérieuse-

Nous signalions hier qu’une affaire mystérieuse avait été découverte. Voici ce qui se serait passé :
Le 14 octobre dernier, M. Joseph Lachard, âgé de 50 ans, demeurant à Beaupont, disparaissait de son domicile sans laisser aucune trace.

Dimanche dernier, des bergers, s’amusant sur la route de Saint Amour à Domsure, auprès d’un puits abandonné, au lieu-dit Manet, aperçurent quelque chose dans ce puits. Ils voulurent s’assurer de ce qu’il y avait au fond et à leur grand saisissement ils perçurent un homme étendu, ne donnant plus signe de vie.

Ils donnèrent immédiatement l’alarme et le garde champêtre, aidé de plusieurs personnes, remonta le cadavre qui fut déposé dans une maison voisine, dernièrement incendiée.

Ces personnes reconnurent immédiatement Lachard.

M. le juge de paix de Coligny fut prévenu ainsi que la gendarmerie et le Parquet de Bourg, qui se rendit sur les lieux.

Après examen des diverses plaies de la tête et du cou, il paraîtrait et tout le fait supposer, que Lachard a été assassiné dans un des nombreux bois environnant puis porté et jeté ensuite dans le puits.

En effet, la malheureuse victime qui devait posséder environ 20 francs avait été dépouillée.

Ses sabots, son chapeau, un de ses chaussons et divers objets ont complètement disparus.

Lachard, qui était d’un naturel peureux, n’a jamais parlé de suicide.

Malheureusement aucun indice quel qu’il soit n’a pu mettre la justice sur les traces du coupable ».

 

30 octobre 1904

« Coligny – Le crime de Domsure –

Il est maintenant avéré qu’il y a eu crime à Domsure. L’autopsie a démontré que le malheureux Lachard a été étranglé et que le drame a dû se passer dans la nuit du 14 au 15 courant.

On suppose que, sortant de l’auberge Venet, où il avait bu jusqu’à 11 heures du soir, en compagnie de plusieurs habitants du pays, Lachard aurait été attiré dans un guet-apens, étranglé puis transporté dans le puits abandonné dans lequel on l’a retrouvé.

On croit, de plus en plus, que le vol a été le mobile du crime.

L’enquête continue. »

 

8 novembre 1904

« Domsure – mis en liberté –

Le jeune Ridet, inculpé dans l’assassinat de Domsure et qui avait été conduit à Bourg devant le juge d’instruction, vient d’être mis en liberté. Son innocence a été pleinement reconnue.

Ce jeune homme qui exerce la profession d’ouvrier agricole, se trouvait sans place depuis quelques jours. Il avait couché la nuit du crime dans les bois environnants, le lieu où a été retrouvé le corps de M. Lachard.

Il n’en fallu pas davantage pour surexciter les imaginations, ni inspirer des témoignages en raison desquels Ridet fut mis en état d’arrestation. »

 

15 novembre 1904

« Le crime de Domsure

Voici de plus amples détails sur l’arrestation opérée par le parquet de Bourg mercredi dernier à Domsure.

L’individu arrêté est un nommé Venet Marie Joseph Maurice âgé de 41 ans, aubergiste au bourg de Domsure, exerçant également la profession de charpentier. On croit que Lachard, la victime, aurait passé la nuit du crime à l’auberge. Au dire des témoins qui ont bu avec lui, la femme Venet aurait retenu à Lachard, alors qu’au cours de la soirée il payait une consommation, une pièce d’un franc pour payer son coucher. S’il faut en croire le témoignage des personnes qui logent dans le voisinage, des cris de : « Au secours ! A moi ! » auraient été entendus venant de l’auberge, dans la nuit du crime. Une expérience d’acoustique, peu concluante, croyons-nous, a, du reste, été faite par le parquet au sujet de ces cris.

On sait que Lachard avait été dépouillé de ses sabots, de sa casquette, de son mouchoir, de sa tabatière, de son porte-monnaie et de différents papiers qu’il portait constamment sur lui. Les perquisitions opérées dans divers domiciles pour retrouver ces objets n’ont amené aucune découverte. Un certain nombre de tabatières dites queues-de-rat et un porte-monnaie ont cependant été saisis.

De graves présomptions pèsent sur Venet qui est redouté dans le pays. »

 

17 novembre 1904

« Le crime de Domsure

A la suite de l’arrestation de Venet, que nous avons annoncé, le parquet a eu à s’occuper de deux individus, qui, le soir du crime, avaient bu au cabaret […]. A la suite d’une brève enquête, G… et P… ont été incarcérés.

Dans la commune, on discute beaucoup sur les tâches de sang qui ont été remarquées le 15, sur la route, à 200 mètres du puits dans lequel Lachard a été jeté après avoir été assommé. Est-ce que le drame se serait passé à l’endroit de la route ainsi marqué ? Les gendarmes sont revenus et ont refait une enquête sur ce point. »

 

26 novembre 1904

« Le crime de Domsure

M. le juge d’instruction a procédé à la confrontation de Venet, l’aubergiste chez lequel l’assassiné a bu pour la dernière fois avec un complice présumé, Guillerminet, récemment arrêté.

A la suite de commissions rogatoires adressées au juge de paix et à la gendarmerie, plusieurs témoins ont été interrogés, notamment sur les traces de sang.

Ces éléments ont permis sans doute de disculper Guillerminet puisque celui-ci a été relâché et vient de rentrer à Domsure »