Hauteur : environ 29 mètres
Diamètre : 1.44 m, circonférence : 4.64 m !
Age : environ 200-250 ans
Il a donc été le témoin de différentes époques.
Il a été planté aux environs de la Révolution. Le moulin de Mailly, ou plutôt le moulin de Beaume existait déjà, tout comme la route de Saint Amour à Saint Trivier. On passait alors la rivière à gué ou sur des planches si on était à pied. Une jeune fille s’était d’ailleurs noyée.
La route de Saint Amour à Montrevel a été ouverte aux environs de 1852.
En décembre 1794, lors de la création des départements, le tilleul a vécu la réunion de Villeneuve à Domsure, en même temps que le Villard. Villeneuve dépendait jusqu’alors de Saint Amour. Mais les bois restèrent la propriété de Saint Amour et donc exploitable par les gens de Saint Amour, ce que contestèrent les domsurois. Les bois étaient pillés et surpâturés par chacun. Il a fallu 6 années de procédures. Chacun avait ses arguments. Le jugement a été rendu en 1804. Mais comme en 1444 ces bois étaient déjà à Saint Amour….
Puis vient l’époque des grandes maladies :
1843, la typhoïde avec 38 morts
1854, le choléra avec 10 morts
1871, la petite vérole et ses 38 morts
1881, la diphtérie avec 25 morts…
Cette période a été entrecoupée par 2 évènements plus agréables pour le tilleul :
Il a entendu siffler le train de Saint Amour pour la première fois en 1864
Le 14 octobre 1870, une magnifique aurore boréale s’offre en spectacle
Mais la même année, il y a la déclaration de guerre avec les Prusses, puis la première guerre mondiale, puis la seconde…
En 1940, le tilleul voit arriver dans ses pâtures un train de bêtes évacuées d’Alsace. C’était de belles génisses qui avaient eu faim et soif plusieurs jours dans les wagons. Hélas, elles apportent avec elles à Mailly le microbe de la fièvre aphteuse. Les plus grasses ont finalement été amenées à la boucherie de Cuiseaux. De toute façon, le microbe n’était pas transmissible à l’homme…
La fermière, Mme Riondy qui s’était beaucoup occupée de 51 bêtes malades, fait la réflexion suivante : « S’il n’y avait pas la guerre, il y aurait de quoi se noyer, mais puisque c’était la guerre, on pouvait bien supporter ça en plus ! »
Le tilleul a aussi été le témoin de la barbarie nazie : il a vu passer sur la route le camion allemand qui est allé fusiller les 12 prisonniers de Lons sur le Chemin de Messe le 18 juin 1944.
Mais le 22 août, les évènements tragiques se sont, cette fois-ci, déroulés sous ses yeux.
Il voit arriver un convoi de camions allemands d’un km de long. Un boche est descendu, tape à la porte du moulin, fait sortir les 3 hommes attablés, et les abats de sang-froid les uns après les autres.
Valéry Malin, frère du Maire de l’époque
M. Guichon de Saint Amour, père de 5 enfants
Et le jeune Robert Bouilloux de 17 ans
Ils mettent alors le feu au moulin, mettent en joue Félicie Prelot Germain. Tremblante, elle les regarde bien droit dans les yeux. L’allemand baisse son arme, et un autre lui ordonne de détacher le bétail qui hurlait devant les flammes.
Les allemands ont fait le tour de la ferme Riondy pour partir à la ferme Bouilloux sur Saint Amour. Ils abattent une jeune bonne de 18 ans, ainsi qu’un jeune alsacien qui réparait son vélo sur le bord de la route. Ils mettent aussi le feu à la ferme. Avant cela, ils avaient déjà massacré 2 personnes sur la route de Coligny à la croisée du Villard.
Le Dr Baudry, Maire de Saint Amour écrit : « Tandis qu’ils tombaient pour toujours, des fermes autour d’eux étaient incendiées, et le soleil couchant qui, la veille, dans sa course vers l’occident embrasait de ses feux nos riantes et paisibles campagnes de Bresse, éclairait mardi soir un paysage de ruine et de désolation »
A la fin des années 1980, le tilleul aurait été vendu pour être abattu et débité en sabots. Il a été payé, mais jamais coupé.
En 2016, il était toujours là. Mais un violent coup de vent a eu raison de son âge. Il a dû être abattu…